concert passé

Mahmoud Ahmed & Alèmayèhu Eshèté + "Badume's band"

Rouen, Hangar 23

20H30

3
Jun
2010

Peut-on parler de jazz éthiopien ? Francis Falceto, celui qui depuis vingt ans, grâce à sa très documentée série de disques “Ethiopiques”, a fait découvrir toutes ces musiques aux oreilles occidentales, répond : “Du point de vue du son, oui. Les cuivres y sont sûrement pour quelque chose. Et un groove absolument singulier en Afrique, qui tient à l’isolationnisme forcené des Éthiopiens de l’époque. Mais ça n’est pas ou rarement du jazz”. Même si leur musique porte en elle un swing qui y ressemble terriblement et s’ils apparaissent souvent au programme des festivals de jazz.
Addis Abeba, capitale d’une Éthiopie emblématique d’une Afrique indépendante et non-alignée a connu un âge d’or musical au début des années soixante-dix, à la fin du règne du négus, Hailé Sélassié.
Le crooner Mahmoud Ahmed est devenu la coqueluche de ce “Swinging Addis”, bientôt éteint sous la domination de la junte militaire. Dix ans plus tard, Mahmoud Ahmed a été le premier à exporter cette musique. Il a enchaîné les succès, dont son chef d’œuvre “Erè Mèla Mèla”.
Alémayèhu Eshèté, le James Brown éthiopien, est l’une des icônes de l’effervescence des années 60-70, emblématique de cette si particulière façon de swinguer. Élevé aux leçons de Nat King Cole, formé à l’école des big bands, ce prolixe compositeur a dirigé de nombreux orchestres aux accents r’n’b-soul-blues.
Mahmoud Ahmed et Alèmayèhu Eshèté seront accompagnés par l’épatant groupe breton, expert en swing éthiopien, le Badume’s Band.

Musiciens
Mahmoud Ahmed

Mahmoud Ahmed (chant).

Alèmayèhu Eshèté

Alèmayèhu Eshèté (chant).

Badume's band

Éric Menneteau (chant), Xavier Pusset (saxophone ténor), Pierre-Yves Mérel (saxophone ténor), Frank Le Masle (clavier), Rudy Blas (guitare), Étienne Callac (basse), Antonin Volson (batterie), Jonathan Volson (percussions).

Photographies du concert
Vos impressions (1)
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« Abet »…. de scène
Le Hangar 23 était à peine refroidi des chaleurs cubaines de samedi dernier que les chanteurs éthiopiens l’ont rallumé et de fort belle manière. Avec une progression bien organisée : comme dans les courses de fond, spécialité éthiopienne, on a commencé par écouter les « lièvres » : Eric Menneteau (chantait-il en breton ou en amhara ??), et Alémayéhu Eshèté («James Brown » un peu en retrait ou sur le retour ?) essentiellement portés par des bretons très bien en place, où se distinguèrent les deux souffleurs. Puis surgit le champion Mahmoud Ahmed, qui doublera aisément ses coéquipiers et ira au bout (bien que les lièvres revinrent faire un peu de figuration et tirer quelques marrons du feu en fin de course). Il gagnera haut la main (qu’il leva autant que les épaules de la danse eskita !). Sa très belle voix puissante excelle aussi bien dans les thèmes énergiques (qui enflammèrent manifestement au-delà que la petite colonie éthiopienne de Rouen) que dans les mélodies chaloupées comme le très beau Eré Mèla Mèla, qu’il chante avec une émotion convaincante. Comme écrit dans le papier de RJA : c’est vraiment la classe ! Après l’excellent concert arabo-arménien de Dhafer Youssef de l’an dernier, RouenWorldAction nous a une nouvelle fois régalé d’une musique « hors jazz », mais, de cette qualité, on fait mieux que supporter.

jean-michel Bergue

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