RouenJazzAction
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Baptiste Trotignon trio
Rouen, Hangar 23
20H30
En quelques années, tout est allé très vite pour Baptiste Trotignon. C’est à l’adolescence qu’il découvre le jazz. Á vingt ans, en 1994, il est choisi par Alain Corneau pour jouer le rôle, dans le film Le Nouveau Monde, d’un jeune pianiste qui rêve au jazz au contact des musiciens stationnés dans une base américaine de la France d’après-guerre. Un an plus tard, il s’installe à Paris où il fréquente à la fois le conservatoire et les jam sessions du collectif “Nuits blanches” au Petit Opportun. En 1998, Baptiste Trotignon se focalise sur le trio. Après un premier CD, “Fluide”, le suivant, “Sightseeing” récolte tous les éloges. Après “Solo”, au répertoire entièrement original, il forme en 2005 un quartet avec le saxophoniste David El-Malek Puis Aldo Romano l’engage dans son trio “Flower power” et Stefano Di Batista lui demande de jouer de l’orgue dans son quartet. En juin 2008 c’est l’aventure américaine avec l’enregistrement à New York de son dernier CD “Share” (“partage”) qui confirme son talent à la fois de pianiste et de compositeur.
Musiciens
Baptiste Trotignon trio
Baptiste Trotignon (piano), Thomas Bramerie (contrebasse), Franck Agulhon (batterie).
Photographies du concert
Vos impressions (3)
poster un commentaireOn m’avait dit que Baptiste Trotignon était un des meilleurs pianiste de jazz du moment (TSF Jazz un de ces derniers matins)- oui c’est vrai. Il a une grande maîtrise technique c’est le moins qu’on puisse dire.
Seulement moi je ne m’attendais pas à un récital si peu jazzy et si “intellectuel”. On s’attendait à ce que “ça décolle” mais ça n’a jamais décollé. Alors on reste sur sa faim. Dommage car c’est certainement un bon !
Balance pour ma part entre enthousiasme, celui d’avoir une vue sur les mains de BT sur le clavier, ça compte surtout quand le son ou que l’on soit placé ne donne pas un rendu suffisant, et deception que cela ne décolle pas plus. On a un sentiment de distance face au clavier de la part de Baptiste Trottignon (les “bloc cord” de Mc Coy nous avaient laissé un gout inverse entre les oreilles) et pourtant le discours delié sans accords plaqués, peu swinguant (les 2 mains discourent sans impulser de ligne de basse franche) pour peu qu’on le suive dans ses inspirations: Hancock avec des digression chez Ravel ou Debussy dans les improvisations et tout devient magnifique. Il faut parfois savoir prendre ce qu’on n’est pas venu cherché . Donc en faisant abstraction d’un batteur qu’on entendait trop et d’une basse qui resonnait de façon desagreable , superbe concert qui nous a réservé son apogé comme trop souvent dans les 2 derniers morceaux
La musique est affaire d’émotion. Le jazz n’échappe évidemment pas à ce truisme. « Faire de la musique, basiquement, c’est faire passer son émotionnel en dehors pour que quelqu’un éventuellement puisse l’accepter et partager cette émotion (…) chaque émotivité a sa valeur » confie Trotignon à Contat.Pour ce qui me concerne, ce fut à ce propos hier soir assez contrasté. Les premiers thèmes me laissèrent indifférent, tant le pianiste donnait l’impression de n’étaler que sa technique (Trotignon parle bien d’« éternelle dualité entre le savoir-faire technique et l’émotion »). Sans stigmatiser ce concept, cela tenait plus de ce qu’il est convenu de nommer « musique improvisée européenne » que du jazz (et Trotignon de s’interroger face à Romano si, à l’instar de Cecil Taylor, « faire l’impasse sur la notion de swing au sens traditionnel et mixer Monk avec l’Ecole de Vienne, c’est peut-être ça être moderne »). Tout moderne qu’il puisse être qualifié, Taylor ne m’a jamais vraiment fait vibrer ! Puis, après avoir pris la parole, le langage devint bien musical, le pianiste mit sa technique au service de la musique sans en faire trop (cf le titre mélodique Vibe, simple et brillant de nuances). Après quelques petites « rechutes », le concert se termina par un très beau bis monkien, qui me laissa sur ma faim : que n’abusa-t-il pas de cette modernité !!
A noter que son disque en solo (au titre éponyme) réserve de très bons moments. Le piano se fait tendre, le discours sensible et poétique, avec des accents proches de Satie et l’impression en est toute différente que dans la formation du concert. On sent bien que la section rythmique est parfois comme superflue, le bassiste n’ayant rien à pulser, le batteur promenant habilement ses mailloches sur peaux et cymbales sans avoir à créer le moindre rythme.
jean-michel Bergue