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Même si Jeanne Lee a enregistré de très beaux disques avec Archie Shepp (dont le fameux “blasé” en 1969), avec Anthony Braxton, ou avec celui qui fut aussi son époux : le vibraphoniste allemand Gunter Hampel, ce sont ceux qu’elle a réalisés en duo avec un pianiste qui l’ont surtout fait connaitre : avec Ran Blake d’abord, avec Mal Waldron plus récemment (concert à Elbeuf il y a trois ans). Mais en fait, ce que Jeanne Lee — qui, en même temps que la musique, a étudié la danse et la chorégraphie — aime le plus faire, c’est combiner les trois éléments, poésie, musique et danse dans un même ensemble. Goût des mots, pour ce qu’ils disent, pour comment ils sonnent et aussi pour comment ils parlent à notre corps : Limpidité du chant, caresse de la voix, chaleur du timbre souvent dans les graves, vivacité rythmique mais aussi jeu sur la respiration à la limite du souffle ... tout est mis en œuvre pour cette danse des mots. La présence d’un instrument à vent ajoute évidemment un second souffle et ouvre sur un dialogue : surtout quand il s’agit d’un des plus poétiques trompettistes d’aujourd’hui : Paolo Fresu !
“Doux frémissement des sens, comme en amour, l’important c’est la lenteur” écrit Xavier Matthyssens dans le livret du CD de Jeanne Lee avec Mal Waldron.