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Plus encore que chanteuse, Abbey Lincoln est une tragédienne, une diseuse de textes bouleversante à la voix sombre, âpre, traversée de rayons de bonheur espiègle. Un phrasé langoureux, une diction majestueuse, comme “habitée”, dans la tradition des preachers noirs américains.
Elle a commencé à vingt ans comme chanteuse de variétés, au look très “glamour”, craquante à souhait. La rencontre avec le batteur Max Roach lui permettra de côtoyer Sonny Rollins, Kenny Dorham, Coleman Hawkins, Eric Dolphy, etc ... En 1960 Abbey Lincoln et Max Roach se marient. Ensemble ils enregistreront plusieurs disques dont, , le fameux “We insist ! Freedom now suite” , annonciateur de bouleversements, à la fois dans la société américaine (le mouvement des droits civiques) et dans la musique de jazz. Mais les engagements sont rares, ils font un peu peur. Séparation. Abbey devient actrice au cinéma et à la télévision et commence à écrire pour le théâtre et de la poésie. Elle revient au premier plan en 1990 grâce à son contrat avec Verve-Polygram qui, depuis, sort un disque d’elle chaque année : musiques et paroles d’Abbey Lincoln sauf exception comme “avec le temps” de Léo Ferré chanté en français ou comme “Mr Tambourine man” de Bob Dylan qui figure dans son dernier CD enregistré avec le formidable trio du pianiste Marc Cary, qui l’accompagnera à Elbeuf.